Né à Paris en 1983, Fabrice L’Insatiable commence à écrire dès l’adolescence des ébauches de romans, puis une kyrielle de poèmes et de textes de morceaux qu’il compose. À l’issue d’un long chantier, il publie en 2016 son premier roman autobiographique : Vision idyllique d’une époque traumatique, bilan de ses années d’expériences psychédéliques. Après avoir enchaîné avec un essai compilant ses articles métapolitiques, Le Totalitarisme Libéral, l’auteur décide de publier un recueil de nouvelles oscillant entre le tragique, le fantastique et le récit de voyage, avec une transcription crue de la réalité : Les Cylindres Translucides et autres nouvelles.

Thomas Schweisser a tout ce qu’un homme peut espérer obtenir dans la vie : une bonne situation, une jolie femme, une grosse voiture, une agence immobilière en vue au bord du lac Léman et une magnifique villa sur la Côte d’Azur. Pendant son temps libre, il aime explorer les côtes rocheuses de la mer Méditerranée, seul avec son masque et son tuba. Sa vie bascule une après-midi ensoleillée de mai, alors qu’il pratique son passe-temps favori.
Les Cylindres translucides, c’est l’histoire du grain de sable qui enraye une machine bien huilée au point de la détraquer à tout jamais.

Né en 1983 à Paris, Fabrice L’Insatiable commence dès l’adolescence à écrire des nouvelles, poèmes et textes de chansons. Son style trouve sa maturité dans ce recueil de nouvelles entre néonaturalisme postmoderne et angoisse existentielle à la frontière de l’horreur.

 

Né en Europe de l’Ouest dans le courant du XVIIème et du XVIIIème siècle, le libéralisme est une doctrine philosophique, politique et économique complexe qui a supplanté la monarchie (de droit divin) et le christianisme et qui domine aujourd’hui la totalité des pays occidentaux dits développés, tout en séduisant chaque jour davantage le reste de la planète par le biais de son modèle sociétal et culturel et de ses produits dérivés (de MacDonalds à Google en passant par Apple).

La démocratie libérale contraste donc avec la démocratie populaire (d’inspiration communiste), laquelle n’aurait de démocratie que le nom. Il y aurait donc en Occident un régime libre choisi par le peuple, tandis que le reste du monde demeurerait plongé dans les ténèbres de la tyrannie et de l’oppression (religieuse, étatique, ethnique, politique…).
L’être humain est-il réellement plus libre en Occident qu’ailleurs ? Libre de ses choix, de son mode de vie, de ses pensées et de ses actes ?

L’auteur prend souvent un malin plaisir à regarder (pour pouvoir les dézinguer) des films qui, à défaut de rentrer dans leurs frais ou dans les colonnes de Nanarland, ont l’honneur de finir sur ces modestes pages. Des films qui peuvent être divertissants, voire réussis à certains aspects, mais dont la principale fonction reste celle d’un punching-ball – ou d’une bûche à fendre.

Disséquer une œuvre à coups de hache, voilà le passe-temps revendiqué de Fabrice L’Insatiable. Chroniques au Vitriol vous propose un florilège de ses critiques les plus drolatiques et pertinentes.

Un jeune intellectuel oisif, en proie à des problèmes familiaux et psychologiques bien que vivant encore chez ses parents, se met à expérimenter divers produits psychoactifs pour trouver un échappatoire à ses problèmes et renouer le lien avec un univers magique dont le désenchantement de l’adolescence l’a coupé.

« Alors on continue à se droguer et à fuir, et on continue à s’enfoncer, jusqu’au jour où le corps dit stop, où les limites de la santé s’imposent, où la mort et la vieillesse commencent à se profiler. Alors on enchaîne les bad trips sans même comprendre leur cause. Alors on perd l’intérêt de la défonce, mais on continue par addiction. »

Bibliographie

Vision idyllique d’une époque traumatique: 2003 – 2009 (récit, 2016)
Forwards, Nightwards, Deathwards (poèmes anglophones, 2016)
Esthétique du désespoir (poèmes, 2016)
Le Totalitarisme Libéral (articles métapolitiques, 2021)
Chroniques au Vitriol (critiques de films, 2024)
Les Cylindres Translucides et autres nouvelles (nouvelles 2024)

Extraits et inédits

Le télésiège avançait tellement lentement qu’ils eurent tout le temps de s’asseoir correctement. En pleine saison, il allait beaucoup plus vite – il ne fallait pas faire patienter les skieurs trop longtemps – à tel point qu’il avait une réputation de coupeur de jambes. Plus d’un skieur mal averti s’était retrouvé avec un hématome à l’arrière du milieu des cuisses… En outre, il ne fallait pas avoir le vertige, car la plupart des télésièges (de trois places) n’incluaient pas de barre de sécurité avec un support à ski.

Les trois hommes se retrouvèrent en l’air, surplombant des terres herbeuses déjà couvertes de minces plaques boueuses de neige par endroits.

– Pourquoi est-il aussi lent ? demanda Teodor.
– Il faut un certain temps avant que le mécanisme n’atteigne sa vitesse de croisière, répondit laconiquement Stepan. Il ne faut surtout pas le surchauffer par une vitesse trop élevée.
– À ce rythme-là, on va y passer la nuit.
– Maximum trente minutes, le rassura Stepan. Il n’y a que dix kilomètres à vol d’oiseau.

Teodor ne croyait pas si bien dire. L’obscurité tomba sur la montagne comme un rideau de théâtre quelques instants après la fin de sa phrase. Il alluma sa lampe-torche. D’après la silhouette des sapins, les trois hommes étaient maintenant au-dessus de la forêt, envahie par le froid silence de la nuit. Teodor ne râlait plus, se contentant de braquer le faisceau de sa lampe-torche vers l’avant pour lutter contre l’obscurité. Les trois hommes respectaient le silence avec une ferveur quasi-religieuse. Seul le vent et le glissement du câble du télésiège étaient audibles.

Mais bientôt ils entendirent d’autres bruits. Des froissements de feuilles mortes, des mottes de terre soulevées, des roulements de pierre, des grognements. Stepan pensa d’abord à des sangliers. En balayant le sol sous leurs pieds de son faisceau de lampe-torche, il aperçut un pan de fourrure.

– Qu’est-ce que c’est ? s’inquiéta Teodor.
– On dirait des sangliers, répondit lentement Stepan.

Mais la fourrure n’avait pas du tout la même couleur ni la même texture. Et les grognements s’accompagnaient maintenant de couinements et de jappements. 

Le Télésiège (extrait)

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Entretiens

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Comme à chaque fois que je publie une œuvre : la satisfaction de l’aboutissement concret d’un processus créatif.

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Positifs. Chacun m’a donné un avis propre. Par exemple, mon père a apprécié le conte médiéval mais n’a pas trop accroché aux autres nouvelles. Un ami a beaucoup accroché aux Cylindres Translucides (la première et principale nouvelle de mon livre éponyme) et m’a réclamé une suite. Une ex m’a dit que je racontais ma propre histoire dans mes récits. Je n’ai pas encore reçu de critiques littéraires académiques avec une analyse profonde. Je pense que cela me plairait d’en recevoir, qu’elles soient dépréciatives ou laudatives.

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail
d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

Je suis un maniaque du contrôle et des détails ; il m’est assez difficile de collaborer avec des personnes qui n’ont pas exactement la même sensibilité artistique que moi ; en même temps, je ne suis pas indépendant et je n’aspire pas à l’être ; par conséquent, cela me force à faire des compromis et à m’adapter au milieu et au marché littéraires. Je crois que cela est positif, en tout cas plus constructif que de me replier sur moi-même.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

L’originalité des Cylindres Translucides consiste à mélanger l’approche psychologique de l’angoisse de Stephen King et le constat du délitement de la société postmoderne de Michel Houellebecq. Mes lecteurs n’ont pas forcément lu ces deux auteurs, ni Bret Easton-Ellis qui a eu une influence déterminante sur mon écriture (à la limite du plagiat dans Nouvelle sous Effexor). De manière générale, à mon grand regret, les gens lisent moins qu’avant et ne connaissent plus les auteurs de référence du passé.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Comme un accouchement : dans la douleur. J’avais l’idée des Cylindres Translucides depuis 2019 (pour l’anecdote, j’ai vraiment aperçu ces étranges bestioles dans la mer un jour et je n’ai jamais su de quelle espèce il s’agit). J’avais écrit un synopsis qui décrivait le déroulement de l’action scène après scène et il me restait à écrire le récit complet sous forme littéraire. Je l’ai fait en cinq heures un jour d’août 2022, dans un appartement de location déprimant en Estonie, avec un voisin taré qui gueulait des insanités en russe toute la journée comme s’il avait un syndrome de Tourette, parce que je n’avais rien d’autre de prévu. En cinq heures d’affilée, sans l’avoir planifié, sans manger, parce que je craignais de ne jamais finir si je m’arrêtais. Quand j’ai fini d’écrire, le récit était parfait. J’ai eu envie de pleurer. Un fois le travail accompli, toutes les émotions dépressives que ma concentration avait retenues se relâchaient.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

J’ai écrit quatre autres nouvelles dans un style similaire aux Cylindres Translucides, et j’ai commencé à en écrire une cinquième que m’a inspiré une visite sur une île de la côte méditerranéenne en novembre dernier : il faisait froid, il n’y avait pas un chat, et j’ai imaginé quelqu’un qui resterait coincé dans une cabine de toilette publique sans que personne ne l’entende.

Je ne peux pas en dire plus sans révéler l’intrigue, mais je m’inspire très souvent de mes propres angoisses et des scénarios-catastrophes hypothétiques que mon cerveau élabore. Le reste c’est du travail d’écriture.

J’ai également écrit une nouvelle intitulée Le Télésiège – une histoire d’accident inspirée d’un cauchemar nocturne assez réaliste que j’ai fait en Roumanie en octobre 2023. J’aimerais adapter cette nouvelle en long-métrage. C’est un projet très ambitieux que j’espère avoir la force et les moyens de réaliser un jour, avec l’aide d’une équipe compétente et de Dieu.

 

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